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25 mai 2014

Cinq minutes et l’éternité

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Se douchent en cinq minutes

S’habillent en cinq minutes

Déjeunent en cinq minutes

Font la vaisselle en cinq minutes

Sont prêts en cinq minutes

Partent en cinq minutes

Sont opérationnels efficaces performants productifs en cinq minutes

Réagissent en cinq minutes

Ne restent aux toilettes que cinq minutes

Pigent en cinq minutes

Résolvent un problème en cinq minutes

S’adaptent en cinq minutes

S’activent en cinq minutes

Meurent

Sont oubliés en cinq minutes

Pas grave

Se sont oubliés eux-mêmes

Mais qu’ont-ils fait le reste du temps ?

 

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn) © Éditions Orage-Lagune-Express

22 mai 2014

À l’américaine (nocturne urbain)

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Orange rouge vert dans les gouttes sur le pare-brise

 

Les cloches du samedi soir et les magasins où paient et sortent les derniers clients

 

Certains vont à la messe et te regardent sans crainte assis dans ton auto confortable emmitouflé dans ton manteau

 

Ils te prendraient presque pour un des leurs parce que tu stationnes sur un emplacement autorisé et que tu es vêtu très comme il faut et que tes cheveux sont coupés courts et que ta voiture propre inspire confiance

 

Tu présentes assez bien et ce n’est pas marqué sur ta figure que tu ne veux pas participer et que la seule chose intéressante pour toi c’est attendre regarder écrire

 

L’idée que le monde pourrait te quitter la voici

 

Elle arrive aux quatre décennies plus six années quand s’éloignent les petites lettres

 

Que cela t’encourage à laisser la poésie à d’autres pour dire simplement ta fatigue qui lasse le monde

 

Le moment vient peut-être d’écrire à l’américaine « je sors prendre un verre au soleil »

 

Ce n’est peut-être rien d’autre un poème

 

(Extrait de Poèmes de Preben Mhorn© Éditions Orage-Lagune-Express, 2007.

19 mai 2014

Poèmes de Preben Mhorn

(Recueillis et commentés par Christian Cottet-Emard)


Extrait :

 

Instructions

 

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Il ne devrait pas y avoir grand monde le jour de mes obsèques

 

Au moins le cortège de mes vieux chagrins secrets

 

Esprits las mais présents dans les airs

 

Tel sera le vrai mystère non point ma mort si commune mais ces chagrins sévères et solennels comme des fantômes

 

Plus présents que mes amis qui ne seront peut-être pas là du reste car les amis font ce qu’ils veulent et ce qu’ils peuvent c’est pour cela qu’ils sont des amis

 

Plus résolus que mes ennemis qui n’existent d’ailleurs peut-être pas tant il est difficile d’avoir suffisamment de stature pour faire un véritable ennemi

 

J’essaierai de leur dire à tous amis peu présents et improbables ennemis

 

Pas de larmes ni pures ni de crocodile s’il vous plaît ne pleurez pas

 

Déjà que ce n’est pas drôle les vieux chagrins secrets qui survivent aux défunts et s’en vont de par le monde à la recherche d’un nouveau corps

© Éditions Orage-Lagune-Express, 2014